Skip to content Skip to footer

ÉPISODE 3: Miroir mon beau miroir

Texte de Habib Ben Younes

Nous abordons, aujourd’hui, le thème de la toilette féminine à partir d’un élément essentiel à savoir le miroir. Les miroirs pour la plupart en bronze lustré.
La mosaïque de Sidi Ghrib excelle par une représentation unique. Il s’agit de la fin de la toilette et la servante présente un grand miroir à la maîtresse de maison afin de vérifier les derniers détails. La prouesse artistique est le rendu par l’artiste du visage de la maîtresse de maison qui se reflète dans ce miroir ce que l’on ne rencontre nulle part ailleurs .
La seconde image présente un autre type de miroir, plus traditionnel il s’agit de Vénus d’une mosaïque de Thuburbo Majus. Ces deux mosaïques sont du Musée National du Bardo.
Donc il y’a 1700 ans on pouvait rencontrer des miroirs, mais qu’en est-il de l’époque punique ou carthaginoise ?
Les deux miroirs en bronze furent retrouvés dans la nécropole de Kerkouane et remontent au 4 S Av. JC, soit 6 siècles avant les mosaïques de l’époque romaine illustrées dans notre présentation. Le diamètre est variable, entre 12 et 17 centimètres globalement.
Mais le clou de la coquetterie féminine réside dans ce petit objet rectangulaire en bronze, 7,5 centimètres sur 6,5 centimètres environ, que j’ai découvert avec F Chelbi dans la nécropole d’El Mansourah près de Kelibia. 
Il s’agit d’un miroir de poche que la dame pouvait emporter avec elle pour des vérifications. Des exemplaires similaires ont été découverts, par exemple, en Italie du sud et Sicile. 
Nôtre petit miroir date globalement du 3 S Av.  soit il y’a 2300 Ans.
La question de la beauté féminine, mesdames, dans ce pays, est éternelle et vous l’illustrez tellement bien.

Texte de Alya Mabrouk

« Femmes je vous aime » chante Julien Clerc.La dame de la mosaïque de Sidi Ghrib devait être de haute naissance.
Elle est assise droite sur un fauteuil dont le dossier est relié au siège par une chaîne en bronze. Le bois semble être recouvert de nacre vu sa couleur opaline tandis que le rouge que l’on aperçoit sur le côté du siège donne l’impression d’une texture rembourrée : en cuir peut-être ?
La dame est chaudement vêtue d’une toge qui semble épaisse, à manches longues passants sous une série de bracelets qui recouvrent ses poignets.


Le miroir dans lequel se reflète son visage a la jolie forme d’une feuille festonnée sur les bords. Il est lourd car la servante le tient à deux mains certes le bronze est un métal de poids et celui-ci est poli pour lui donner une brillance réflectrice.Se regarder ! S’admirer ! Dans la mythologie grecque, Narcisse se penchant sur une rivière se vit dans le reflet de l’onde et tomba amoureux de lui-même !
La dame n’en finit pas d’arranger les boucles de sa chevelure blonde, rousse, châtain ?
Peut-être a-t-elle teint ses cheveux au henné pour avoir ces tons auburn que le mosaïste a souligné de brun foncé.


Mais encore, tout n’est pas parfait et il fallait un dernier regard dans un petit miroir de bronze poli, qu’elle semble avoir sorti de sa minaudière perlée juste avant le grand festin donné par le seigneur de la contrée, amphitryon renommé, afin de garder dans son esprit le reflet de sa beauté tout au long de la soirée.